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Cérémonie du 11 novembre 2021

11 novembre 2021

Commémoration de la signature de l’Armistice

Lecture par François-Xavier Priollaud

Message de Geneviève DARRIEUSSECQ, Ministre déléguée auprès de la Ministre des Armées, chargée de la mémoire et des Anciens combattants, lu par monsieur François-Xavier Priollaud, Maire de Louviers.

Message à l’occasion de la Journée nationale de commémoration de la Victoire et de la Paix – Hommage à tous les « Morts pour la France »

La fin des combats de la Grande Guerre a marqué les consciences et imprégné les mémoires. Evénement qui transcende le temps et franchit les générations. Nul besoin d’ajouter une année ou un millésime, ce jour et ce mois ont intégré depuis plus d’un siècle notre patrimoine commun.

À la onzième heure du onzième jour du onzième mois, après quatre interminables années, le canon s’est tu, la fureur s’est calmée. Le dernier mort, le dernier tir, la dernière détonation. Depuis Compiègne, où l’armistice a été signé à l’aube, jusqu’au front, du premier des clairons à tous les clochers de France, de l’esplanade de chaque ville à la moindre place de village. Une déferlante de soulagement, un soupir de délivrance, ont traversé le pays de part en part.

Jean-Pierre Duvéré

Derrière l’allégresse, derrière le tricolore flottant aux fenêtres et les Marseillaises triomphantes, partout le deuil, les blessures inguérissables, les ruines matérielles, morales et humaines qui se sont installés pour longtemps. Des mères et des pères qui n’ont pas retrouvé leur fils. Des fratries qui n’ont pas retrouvé leur père. Des épouses et des époux qui ont perdu l’être aimé.

Le pays est traversé par la sourde évidence que rien ne sera plus jamais comme avant.

En ce jour, dans les nécropoles, devant les monuments aux morts, sur les places de toutes nos cités, toutes les générations rassemblées, nous nous souvenons de ceux qui se sont battus pour la France entre 1914 et 1918, de ceux tombés au champ d’honneur sur tous les fronts, d’Orient et d’Occident. Nous nous souvenons du combat valeureux de tous ceux qui, venus des cinq continents, ont défendu un sol qu’ils n’avaient auparavant jamais foulé.

Dépôt de gerbe

Les noms gravés sur nos monuments aux morts nous rappellent constamment les valeurs d’honneur, de courage, de dévouement et de bravoure. Ils nous rappellent la fraternité d’armes.

La même fraternité unit toutes les filles et tous les fils de France qui œuvrent aujourd’hui à la défense de notre pays et qui mènent notre inlassable combat pour la liberté. La même fraternité mémorielle qui, chaque 11 novembre, nous réunit pour honorer les combattants de tous les conflits, pour rendre hommage à ceux qui ont accompli leur devoir jusqu’au don suprême. La Nation salue la mémoire des soldats morts pour la France en 2021.

Aujourd’hui, dans un même mouvement, la France reconnaissante fait cortège au cercueil d’Hubert GERMAIN jusqu’à la crypte du mémorial de la France combattante au Mont Valérien. Selon la volonté du général DE GAULLE, l’ultime compagnon de la Libération y reposera. Dernier dans la mort, parmi les premiers de 1940, Hubert GERMAIN est le porte-étendard des 1 038 illustres qui ont tant fait pour l’idéal de liberté et l’esprit français.

Message de l’Union Française des Associations de Combattants et de Victimes de Guerre

Josette LETELLIER

Message délivré par Madame Josette LETELLIER, Présidente des CPG-CATM-TOE

La France célèbre aujourd’hui le 103e anniversaire de l’Armistice du 11 Novembre 1918 qui mettait
fin à quatre années d’horribles souffrances vécues par les combattants des pays belligérants.

Les Monuments aux Morts de nos villes et de nos villages rappellent et gardent le souvenir de ces
hommes tombés sur les champs de bataille.

La FRANCE victorieuse comptait :

Bilan très lourd reflétant l’ampleur des sacrifices consentis pour la Patrie et la Liberté, par nos
soldats engagés dans ce conflit appelé la « Grande Guerre ».

De cette Première Guerre mondiale, notre mémoire collective conserve le souvenir de ces millions
de victimes.

En ce jour de commémoration, rendons hommage à tous ces soldats de Métropole, d’Outre-mer,
des pays alliés, combattants de tous grades, qui ont fait preuve d’un courage exemplaire méritant
notre reconnaissance. Beaucoup d’entre eux sont « Morts pour la France ».

En cette journée de recueillement en hommage à tous les ‘’Morts pour la France’’, ayons une
pensée également pour nos soldats tués, ces derniers mois, en Opérations extérieures et
inclinons-nous devant la douleur de leurs familles.

L’Union Française des Associations de Combattants et de Victimes de Guerre (UFAC) fidèle au
souvenir de toutes celles et tous ceux victimes de toutes les guerres, invite la jeunesse à œuvrer
pour un monde plus juste, plus solidaire, plus fraternel et en paix

Vive la République !
Vive la France !

Lectures de poilus

Lecture des élèves de F. Buisson

Cinq jeunes élèves de 3è du collège Ferdinand Buisson, accompagnées de leur professeure d’Histoire-Géographie, Mme Sophie Favier, ont lu des lettres de poilus. Terribles témoignages de la vie dans les tranchées.

Lettre de Marcel Rivier ; lue par Blanche Bouton & Clémentine Charpentier

Originaire de Bugeaud, en Algérie, Marcel Rivier a été tué le 4 novembre 1914 à l’âge de vingt et un ans près de Dikbuck en Belgique. Son journal de guerre écrit au fil des jours entre la date de la mobilisation et celle de sa mort a été retrouvé sur son corps et retransmis à sa mère, Louise Rivier, née Jalabert, par les autorités militaires.

Octobre 1914
Soir tendre
Oh ! ce soir je suis tout frissonnant de tendresse
Je pense à vous, je me vois seul, je me sens loin,
Loin de tout ce dont mon cœur tendre a tant besoin
Hésitant entre l’espérance et la tristesse
Comme un oiseau meurtri mon cœur las que tout blesse
Désirerait un nid très sûr, un petit coin
Où dans la quiétude et la douceur des soins
La douleur se fondrait vaguement en faiblesse

Et des mots d’abandon, des mots mièvres et lents,
De ces mots que l’on sent monter du fond de l’âme
S’écoulent de ma bouche à petits coups dolents
Et je rêve de doigts légers, adroits et blancs
Qui sur mes yeux se poseraient frais et tremblants
Sinon des doigts de mère au moins des doigts de femme
Chassant la vision des souvenirs sanglants

Ton Marcel

Lettre de Eugène Poézévara , lue par Zoé Goujon

Eugène Poézévara avait dix-huit ans en 1914. Il écrivait souvent à ses parents, des Bretons qui habitaient Mantes-la-Jolie. Eugène a été gazé sur le front, et il est mort d’épuisement dans les années 20.

Le 13 novembre 1918
Les dernières quarante-huit heures.

Chers parents,
Cette fois je vous écris en plus grand. Nous avons été relevés hier après midi du contact avec les Boches. Les dernières quarante-huit heures ont été terribles.
Le 9 à 10 heures du matin on faisait une attaque terrible dans la plaine de la Woëvre. Nous y laissons les trois quarts de la compagnie, ils nous est impossible de nous replier sur nos lignes ; nous restons dans l’eau trente-six heures sans pouvoir lever la tête ; dans la nuit du 10, nous reculons à 1km de Dieppe ; nous passons la dernière nuit de guerre le matin au petit jour puisque le reste de nous autres est évacue ; on ne peut plus se tenir sur nos jambes ; j’ai le pied gauche noir comme du charbon et tout le corps tout violet ; il est grand temps qu’il vienne une décision, ou tout le monde reste dans les marais, les brancardiers ne pouvant plus marcher car le Boche tire toujours ; la plaine est plate comme un billard.
À 9 heures du matin le 11, on vient nous avertir que tout est signé et que cela finit à 11 heures, deux heures qui parurent durer des jours entiers.
Enfin, 11 heures arrivent ; d’un seul coup, tout s’arrête, c’est incroyable.
Nous attendons 2 heures ; tout est bien fini ; alors la triste corvée commence, d’aller chercher les camarades qui [y] sont restés. Le soir arrive, il nous faut rester là, mais on allume un grand feu et les rescapés se rassemblent ; tout le monde est content mais triste : la mort plane encore dans l’air. Le 12, nous sommes relevés à 2 heures et c’est fini.

Eugène

Lettre de Lazare Silbermann ; lue par Zoé Lemaître & Éléonore Parmentier

Lazare Silbermann était à la fois le patron et l’unique employé de sa petite entreprise « Tailleur pour dames ». Avant de partir sur le front comme engagé volontaire parce qu’il veut s’acquitter d’une dette essentielle auprès de son pays d’accueil, Lazare ressent le besoin d’écrire une lettre testament à son épouse Sally, qui comme lui est réfugiée roumaine, et à ses quatre enfants en bas âge…

Lazare survivra à la guerre et mourra dans les années 20 terriblement affaibli par les séquelles de ses combats. Sally sera déportée et exterminée vingt-deux ans plus tard.

Paris, le 7 août 1914
Ma chère Sally,
Avant de partir faire mon devoir envers notre pays d’adoption, la France que nous n’avions jamais eu à nous plaindre, il est de mon devoir de te faire quelques recommandations car je ne sais pas si je reviendrai.
En lisant cette lettre, bien entendu, je n’y serai, plus, puisqu’il est stipulé qu’il ne faut ouvrir la lettre qu’après ma mort :

  1. Tu trouveras dans le coffre-fort quatre lettres que tu remettras à qui de droit.
  2. Tu trouveras un papier timbré de mon actif et de mon passif où il est bien stipulé que tu es avec nos chers enfants les seuls héritiers du peu, malheureusement, qu’il reste de moi. […]

Bien sûr, ma chère, je sais que je te laisse dans la misère car tout cela présente beaucoup et en réalité ne présente rien. Je te laisse un gros fardeau que d’élever quatre petits orphelins que pourtant j’aurais voulu les voir heureux car tu le sais que je n’ai jamais rien fait pour moi. J’ai toujours pensé te rendre heureuse ainsi que nos chers petits. J’ai tout fait pour cela et, pour finir, je n’ai pas réussi ce que j’ai voulu.
Je te remercie pour les quelques années de bonheur que tu m’as données depuis notre mariage hélas trop court, et je te prie d’avoir du courage, beaucoup de courage pour élever nos petits chérubins en leur inspirant l’honnêteté et la loyauté, en leur donnant l’exemple par toi-même, et je suis sûr qu’il ne te manquera pas de courage.
Parle-leur toujours des sacrifices au-dessus de ma situation que j’ai faits pour eux et qu’ils suivent mon exemple. Quant à toi, je crois qu’il te restera des bons souvenirs de moi. Nous nous avons aimés
jusqu’à la fin et c’est ce souvenir et celui de ma conduite envers toi et envers tout le monde qui te donneront du courage de supporter le gros fardeau que je te laisse. Une dernière fois, je t’engage à bien sauvegarder l’honneur de nos chers enfants en leur donnant de bons exemples et je suis sûr que cela répondra comme un écho quand le moment arrivera. Je t’embrasse une dernière fois.

Ton compagnon de bonheur et de malheur,
LAZARE