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Cérémonie d’hommage aux Harkis

Cérémonie d'hommage aux Harkis
François-Xavier Priollaud, maire de Louviers, Virginie Sene-Rouquier, sous-préfète des Andelys, Hafidha Ouadah, conseillère régionale et Daniel Jubert, conseiller départemental, avec des représentants de la communauté des Harkis de Louviers.

Ce samedi 25 septembre 2021, une cérémonie était organisée au square Albert 1er pour la journée nationale d’hommage aux Harkis et autres membres des formations supplétives.

Allocution de François-Xavier Priollaud,
Maire de Louviers,
Vice-président de la Région Normandie

Madame la sous-préfète, Madame la conseillère régionale, Monsieur le conseiller départemental, Mesdames et Messieurs les élus, Mesdames et Messieurs représentant les Autorités civiles et militaires, Madame et Messieurs les Présidents d’Associations Patriotiques, Madame et Messieurs les Porte-Drapeaux, Mesdames et Messieurs,

Nous sommes réunis aujourd’hui pour rendre hommage aux Harkis et autres membres des forces supplétives qui, pendant la guerre d’Algérie, furent plus de 200 000 à avoir pris les armes pour la République et pour la France. 

Il y a vingt ans, en 2001, le président Jacques Chirac instaurait cette Journée nationale d’hommage aux Harkis en reconnaissance de leurs sacrifices consentis pour la France.

Cette même année 2001 était apposée à Louviers la plaque du souvenir attribuée au département de l’Eure et sur laquelle sont écrits ces mots : « En reconnaissance et à la mémoire des Harkis  morts pour la France et l’Algérie ».

Au sortir de la guerre d’Algérie, près de 500 familles vinrent s’installer à Louviers, après avoir transité par des camps dans le Sud de la France. Louviers est la ville du département de l’Eure qui accueille la communauté harki la plus nombreuse. Il y a deux ans, une rue de Louviers prenait, sur la Place de la République, le nom de rue de Harkis. C’était pour la municipalité notre façon de dire notre reconnaissance à ces femmes et ces hommes qui ont fait le choix de la France, au prix de douloureux sacrifices.

Souvenons-nous qu’à la fin des années 1950, l’armée française intensifia leur recrutement pour utiliser leur connaissance du terrain et de la population, pour accélérer le ralliement de celle-ci, et pour faire nombre, au moment où les classes creuses de 1939 à 1945 diminuaient celui des appelés métropolitains. 

Mesdames et Messieurs,

Les Harkis ont fait preuve d’un courage exemplaire, d’une grande dignité et d’une loyauté remarquable. Leur Histoire est pourtant celle d’une effroyable tragédie et dont le temps peine à effacer les cicatrices. Une tragédie qui, pour reprendre les mots de Simone Veil dans son discours prononcé en 2010 à l’occasion de son élection à l’Académie française, « laisse une tache indélébile sur notre Histoire ».

Les harkis deviennent les « oubliés » de l’Histoire quand en en mars 1962, La France reconnaît le FLN comme représentant exclusif de la population d’Algérie. Les accords d’Evian sont muets sur le sort des musulmans pro-français qui se retrouvent alors sans aucune protection. Pour les Harkis, chacun le sait, la fin des combats ne marqua pas – loin s’en faut – la fin des souffrances.

Faute de plan d’évacuation et de protection des Harkis et de leurs familles, la grande majorité d’entre eux dû rester en Algérie. Ils furent ainsi des dizaines de milliers ces Harkis dont la loyauté envers l’Armée française leur coûta la vie, pourchassés, torturés et finalement massacrés au cours de représailles sanglantes, entraînant bien souvent leur famille tout entière dans la mort. En novembre 1962, dans les colonnes du « Monde », Jean Lacouture dénoncera l’abandon et le massacres de plus de 10 000 Harkis exécutés ou massacrés entre le 19 Mars et le 1er novembre 1962.

Ce qui réussirent à s’enfuir, en quittant la terre sur laquelle ils étaient nés, embarquèrent avec amertume et chagrin vers la métropole qui les accueillit comme des intrus et multiplia les vexations à leur encontre. Ils endurèrent des conditions inhumaines de rapatriement, le dénuement et la honte à l’intérieur de camps de fortune où ils furent regroupés. Ils étaient vivants, certes, mais à quel prix.

Mesdames et Messieurs,

L’hommage que nous rendons chaque année aux Harkis est singulier au regard des autres commémorations inscrites au calendrier national. Cet hommage est singulier parce qu’il ne nous renvoie pas seulement aux souffrances et à la mémoire de ceux qui ont combattu en Algérie. Il nous renvoie aussi – peut –être même surtout – aux blessures toujours pas refermées d’une communauté toute entière qui n’attend pas seulement de la France des paroles mais qui lui demande aussi des actes.

Depuis une vingtaine d’années, les gouvernements successifs ont multiplié les plans d’action pour tenter de réparer l’irréparable. Le Président Jacques Chirac fut le premier en 2001 à briser le tabou de l’indifférence en reconnaissant les massacres commis en 1962. Plus récemment, en 2016, le Président François Hollande a reconnu la responsabilité des gouvernements successifs dans « l’abandon des harkis, les massacres de ceux restés en Algérie et les conditions d’accueil inhumaines des familles transférées dans les camps en France ».

Et il y a quelques jours, lundi dernier, le Président Emmanuel Macron a solennellement demandé pardon aux Harkis, reconnaissant leur singularité dans l’Histoire de France. Oui, l’histoire des Harkis fait partie de l’Histoire de France. Le pardon est une réparation morale ; une parole qui n’efface en rien le passé, mais apaise le futur. Le pardon n’appelle pas à réécrire l’Histoire. il est ce pas qui manquait vers la vérité et la réconciliation des mémoires. L’expression de l’appartenance à une seule et même communauté nationale.

Vive la République !

Vive la France !