76e anniversaire de la libération de Louviers
Commémoration anniversaire
Allocution de M. François-Xavier PRIOLLAUD
Maire de Louviers
Vice-Président de la Région Normandie
Seul le prononcé fait foi.
Madame la sous-préfète,
Madame la Vice-Présidente du département,
Monsieur le conseiller départemental,
Mesdames et Messieurs les élus,
Mesdames et Messieurs représentant les Autorités civiles et militaires,
Madame et Messieurs les Présidents d’Associations patriotiques,
Mesdames et Messieurs les Porte-Drapeaux,
Mesdames et Messieurs,
Nous sommes réunis ce matin au Square Albert Ier pour commémorer le 76e anniversaire de la Libération de Louviers. 80 jours après le débarquement allié du 6 juin 1944, la cité drapière est enfin libérée du joug nazi après de longues et rudes années d’occupation.
Depuis ce jour de juin 1940 où les Allemands installèrent leur Kommandantur à l’Hôtel de ville, les Lovériens restés ou revenus, ont appris à survivre au rythme des sacrifices, au rythme des restrictions et pour certains au gré des persécutions sociales et politiques. Dès juin 1940, notre ville avait en effet subi de terribles bombardements liés au combat de la bataille de France qui causèrent des dommages irréparables. Notre cité en porte aujourd’hui encore les stigmates.
Dans la clandestinité, une résistance s’est mise en place, des réseaux se sont organisés. Le « Patriote de l’Eure », imprimé secrètement par Auguste Fromentin, jouera un rôle important dans la lutte contre l’ennemi. Plusieurs Lovériens se sont distingués par leur comportement héroïque, ce qui vaudra à la ville d’être décorée, le 26 juin 1949, de la Croix de Guerre, cinq ans après une visite historique du Général De Gaulle.
Oui, ceux qui refusèrent de se résigner avaient raison. Et c’est une leçon pour les temps présents et futurs. Ne jamais se résigner quand la cause est juste. La détermination et le courage de quelques-uns furent plus forts que la barbarie nazie qui instrumentalisait les masses. René Espinouse, Pierre Hébert, Odette Kuene, Auguste Fromentin… Voici des femmes et des hommes héroïques auxquels la ville de Louviers restera à jamais reconnaissante. Ils ont leur place dans notre Panthéon.
Se souvenir c’est aussi dire merci. Merci à tous ceux qui ont payé de leur vie notre liberté d’aujourd’hui. Les 85 jours de combats de la bataille de Normandie furent marqués par d’effroyables pertes humaines dans le camp de nos libérateurs et aussi parmi la population. Près de 20 000 civils normands ont trouvé la mort durant cette période, tandis que 300 000 autres furent sinistrés et sans abri.
Le 23 août 1944, les troupes alliées atteignent le département de l’Eure. Les soldats américains investissent le Sud et libèrent Conches et Évreux, tandis que les forces britanniques et canadiennes traversent Bernay, Pont-Audemer, Brionne, Bourg-Achard et le Neubourg.
Deux jours plus tard, une patrouille américaine de reconnaissance arrive la première à Louviers. Elle passe par la rue de l’hôtel de ville et poursuit rapidement sa route. Elle est suivie par la 4e division blindée canadienne venue de la Haye Malherbe.
Dans la soirée, un dernier bombardement allemand fera toutefois six nouvelles victimes auxquelles nous rendons hommage aujourd’hui.
Merci à nos libérateurs, anglais, américains et canadiens avec qui un lien indéfectible s’est tissé avec la Normandie. Notre région est devenue, pour le monde entier, le symbole de la paix et de liberté. « La Normandie, c’était la tête de pont de la démocratie » a même déclaré le président américain Barack Obama lors de la commémoration du 70e anniversaire du Débarquement.
Après cette effroyable guerre, planétaire, plus rien ne sera comme avant, dans le monde entier, comme à Louviers. Construction européenne, guerre froide, conquête spatiale, mai 68: c’est un nouveau chapitre du XXe siècle qui s’ouvre et se refermera le 11 septembre 2001, qui marque véritablement l’entrée dans le nouveau millénaire.
Mesdames et Messieurs,
Les commémorations doivent nous rappeler, au-delà du rituel, que les épreuves nous font grandir, qu’elles nous font individuellement et collectivement progresser. C’est face aux épreuves que l’on apprend le plus, que l’on relativise, que l’on réfléchit et que l’on agit.
Chaque période de l’Histoire apporte son lot d’épreuves, plus ou moins douloureuses. La connaissance de notre passé commun peut nous aider à surmonter la période si particulière que traverse aujourd’hui le monde, confronté à une pandémie sans précédent, qui a déjà fait près de 800 000 morts sur les cinq continents.
A notre tour, nous sommes chacun responsables de tous, et nous vaincrons cette pandémie comme nous avons vaincu d’autres épreuves en sachant poser nous aussi les bases d’un nouveau monde, le monde d’après.
Vive la République,
Vive l’Europe,
et Vive la France.