Appel du 18 juin : Louviers célèbre la mémoire de la Résistance

Mercredi 18 juin 2025, Louviers rendait hommage à l’Appel du 18 juin lancé par le général de Gaulle en 1940. En présence de Nicolas Lebas, sous-préfet des Andelys, de Kristina Pluchet, sénatrice de l’Eure, et des élus du Conseil municipal des jeunes, Anne Terlez — première adjointe au maire et vice-présidente du Département — a souligné combien la grande Histoire de France s’écrit aussi à travers nos récits locaux. Elle a évoqué le destin de Pierre Hébert, figure lovérienne de la Résistance, engagé avant l’heure. Son discours.
« On peut sans nul doute mesurer les difficultés qu’a connu la France et nos armées au printemps 1940 à l’aune de l’histoire de Louviers. Si les troupes allemandes sont encore à Abbeville fin mai, elles menacent très vite notre région. Dès le 9 juin, elles parviennent sur notre territoire. Les communes de Venables, Andé, Herqueville sont prises, les ponts d’Andé et Saint-Pierre sautent, Heudebouville est menacé. Puis Gaillon, Aubevoye, Villers-sur-le Roule sont occupés le 10 mai et le lendemain, la bataille est aux portes de Louviers. Le régiment d’artillerie de l’armée française qui défend Louviers et les environs doit rapidement se replier vers la Haye-Malherbe. Les 9, 10 et 11 juin, notre commune, vidée de ses habitants (il ne restait plus qu’environ 150 personnes) est bombardée plus ou moins sporadiquement, comme un avertissement. Le 12 juin, Louviers est frappée sévèrement. Les Allemands détruisent la partie la plus ancienne du centre-ville. De la place du Champ de Ville à la rue du Maréchal Foch, de la rue Tatin à la rue Ternaux, les bombes incendiaires ravagent Louviers, détruisent les usines et les commerces, les immeubles et les maisons parfois vieilles de plusieurs siècles, et font aussi, bien sûr, plusieurs victimes. Le même jour, un octogénaire, Monsieur Pierre Hébert, qui avait juré qu’aucun allemand ne rentrerait chez lui, abat d’un coup de fusil un soldat ennemi qui se présentait. En représailles, les allemands fusillent Pierre Hébert et incendient 60 maisons du quartier du Hamelet.



C’est à peu près au même moment que le général de Gaulle participe à l’ultime réunion du Conseil suprême interallié qui a lieu dans le Loiret et au cours de laquelle la Grande-Bretagne et la France ne parviennent pas à se mettre d’accord sur la suite des opérations. Paul Reynaud et le général de Gaulle plaident pour la poursuite des combats, conformément également au souhait de Winston Churchill qui refuse cependant le soutien de l’aviation britannique. Le maréchal Pétain, lui, pense déjà à l’armistice qu’il signera avec les nazis.
Un acte d’espérance
Après sa démission, Paul Reynaud est remplacé par le maréchal Pétain. Au « C’est le cœur serré que je vous dis aujourd’hui qu’il faut cesser le combat » du maréchal le 17 juin, le général opposera son célèbre et vibrant appel du 18 juin sur les ondes de la BBC. On l’a peut-être un peu oublié aujourd’hui mais bien peu de gens entendent en direct l’appel que le général lance aux « officiers et soldats français, qui se trouvent en territoire britannique ou qui viendraient à s’y trouver, avec leurs armes ou sans leurs armes », ainsi qu’aux « ingénieurs et ouvriers spécialistes des industries d’armement qui se trouvent en territoire britannique ou qui viendraient à s’y trouver », à se mettre en rapport avec lui.
Le général est en fait un inconnu du grand public mais il ne peut renoncer à laisser son pays aux mains des nazis. Le grand homme, avec beaucoup d’abnégation, laisse tout derrière lui, et surtout sa famille. L’audace en bandoulière, et une certaine idée de la France comme étendard, il a dû néanmoins se sentir bien seul, dans le studio de la BBC, et avoir le sentiment de lancer une bouteille à la mer…
Imaginait-il en disant « Quoi qu’il arrive, la flamme de la résistance française ne doit pas s’éteindre et ne s’éteindra pas » que l’armée des ombres se lèverait bel et bien à l’intérieur du pays et que la France Libre saurait se structurer et mener les combats depuis l’extérieur du pays ? En vérité, son appel, dans la solitude et l’obscurité de la radio londonienne, est un acte de foi en la France et d’espérance en la vie et en l’avenir.

Et si, finalement, nous nous sentons tout petits face à ce grand homme, à sa capacité de résistance et à l’espérance qui l’animait, face aux femmes et aux hommes qui l’ont suivi, à leur courage malgré la souffrance, la violence, la peur, nous pouvons cependant tout mettre en œuvre pour être dignes d’eux : par la mémoire et la transmission de la mémoire, bien sûr, mais aussi par notre engagement au service de la France et du bien commun. Si, dans les heures parmi les plus sombres de notre histoire, le général de Gaulle, contre vents et marées et malgré les divisions, a su espérer et susciter, vivifier et entretenir la flamme de la résistance, alors chacun est appelé aujourd’hui à croire en notre nation, en sa capacité à se relever, à imaginer et construire son avenir, en sa dignité. Il y aura toujours dans notre pays des femmes et des hommes capables de défendre et même de magnifier par leurs actions quotidiennes ou par leur héroïsme notre devise « Liberté, Egalité, Fraternité ». »
Anne Terlez, adjointe au maire