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Libération de Louviers, hommage du 25 août 2023

Libération de Louviers - Officiels

Cérémonie commémorative

Allocution de M. François-Xavier PRIOLLAUD

Maire de Louviers Mercredi 8 mai 2019

Seul le prononcé fait foi

***

Monsieur le conseiller départemental,
Mesdames et Messieurs les élus,
Mesdames et Messieurs représentant les Autorités civiles et Militaires,
Madame et Messieurs les Présidents d’Associations Patriotiques,
Madame et Messieurs les Porte-Drapeaux,
Mesdames et Messieurs,

Nous commémorons, en ce jour important, la libération de Louviers. 

Ce 25 août 1944, comme aujourd’hui c’était un vendredi, mit un terme il y a 79 ans, à plus de quatre années d’occupation de notre ville par l’Allemagne nazie.

Remontons le temps de quelques semaines.

6 juin 1944 : le débarquement allié sur les plages de Normandie allait marquer le début de la bataille de Normandie, l’une des plus sanglantes de la seconde guerre mondiale. 85 jours de combats marqués par d’effroyables pertes humaines dans le camp de nos libérateurs et parmi les populations civiles. Près de 20 000 normands trouvèrent la mort tandis que 300 000 autres furent sinistrés et sans abri.

Les troupes alliées pénètrent le département de l’Eure deux mois et demi plus tard, le 23 août, date à laquelle des soldats américains investissent le Sud et libèrent Conches et Évreux, tandis que les forces britanniques et canadiennes traversent Bernay, Pont-Audemer, Brionne, Bourg-Achard et le Neubourg.

Le 24 août, Marcel Baudot, qui dirige la Résistance depuis une ferme située près de La Goulafrière, adresse un courrier au commandant des forces canadiennes en lui « apportant la coopération des forces françaises de l’intérieur qui sont sous [son] commandement ».

À Louviers, c’est une patrouille américaine de reconnaissance qui arrive la première au petit matin du 25 août. Elle passe par la rue de l’hôtel de ville et poursuit rapidement sa route. Elle est suivie par la 4e division blindée canadienne venue de la Haye Malherbe.

L’entrée des libérateurs dans la ville fut un peu comme le jour qui se lève enfin après tant d’années passées dans la nuit. Ce furent des rires et des larmes de joie ; les chewing-gums donnés aux enfants Lovériens par les soldats venus d’Amérique. Pour d’autres, ce n’était pas des chewing-gums mais des cigarettes !

Libération de Louviers - FXP
François-Xavier PRIOLLAUD, Maire de Louviers

La libération de Louviers sera néanmoins endeuillée le soir même par d’ultimes bombardements Place du Champ de ville et de nouvelles victimes à qui nous rendrons hommage au cours de cette cérémonie en observant une minute de silence.

Louviers libérée sera affectée au secteur britannique de la 15e division écossaise.  Elle accueillera quelques semaines plus tard, le 8 octobre 1944, le Général de Gaulle et son ancien maire, Pierre Mendès-France.

Mesdames et Messieurs,

La Libération de Louviers est une délivrance qui vient marquer la fin de quatre années de souffrances, de quatre années de sacrifices et de persécutions sociales et politiques.

Souvenons-nous qu’au lendemain des terribles bombardements de juin 1940, Louviers n’est plus qu’un champ de ruines. La quasi-totalité du centre-ville a été détruite.  On dénombre près de 700 bâtiments sinistrés. La ville est laissée comme morte. En quelques jours, c’est tout le riche passé de notre cité qui est englouti sous les bombes et disparaît dans les flammes. La majeure partie des habitants ont fui, et ceux qui sont restés s’efforceront de redonner un semblant de vie à la cité.

Mais dans cette obscurité, quelques-uns décidèrent, au péril de leur vie, d’allumer la flamme de la résistance pour faire jaillir la lumière de l’espérance. Dans la clandestinité, la résistance se met en place et les réseaux s’organisent.

Libération de Louviers - Portes-drapeaux
Porte-drapeaux

En ce jour important, nous rendons hommage à nos résistants.

Nous rendons hommage à Auguste Fromentin, qui imprima secrètement d’innombrables tracts pour les réseaux de la Résistance, ainsi que le « Patriote de L’Eure » qui joua un rôle important dans la lutte contre l’ennemi.

Nous rendons hommage à Pierre Hébert, habitant au Hamelet, qui paya de sa vie son refus d’abandonner sa maison aux Allemands.

Nous rendons hommage à Odette Kuëne, arrêtée par la Gestapo ce matin du 24 janvier 1944 dans sa maison du 9 rue de la Citadelle puis déportée dans le camp de Ravensbrück dont elle ne reviendra jamais.

Nous rendons hommage à René Espinouse, directeur du centre d’hébergement de l’hôtel du Grand Cerf qui prit en charge lui-même l’évacuation, à pied, de 84 enfants parisiens hébergés à Louviers. 

Nous rendons hommage à chacune et chacun de ces Lovériens d’exception qui, par leur action, leur courage, leurs valeurs et leur refus de se résigner ont contribué à changer le cours de l’Histoire.

À nos héros, Louviers à jamais reconnaissante.

C’est grâce à eux que le 26 juin 1949, notre ville recevra la Croix de Guerre avec la mention suivante : « Très durement éprouvée par un bombardement meurtrier en 1940, a participé largement à la lutte contre l’occupant et a eu un de ses quartiers incendié par représailles par les Allemands et dix parmi les plus notables de ses habitants ont été déportés pour leur activité résistante et sont morts en déportation ».

Dépôt de gerbe
Dépôt de gerbe offerte par la Municipalité

Mesdames et Messieurs,

Louviers libérée, tout reste à faire. La ville est un champ de ruines. Il faut déblayer, rétablir les infrastructures, remettre l’économie en marche, revenir pour tous ceux qui avaient contraints de quitter la ville, se loger, vivre au quotidien, préparer des jours meilleurs et aujourd’hui, commémorer, se souvenir.

La Normandie porte toujours les stigmates de ces combats. Si quelques rares villes normandes sont épargnées, comme Bayeux qui fut l’une des toutes premières citées libérées, nombreux sont les villages, les bourgs et les villes partiellement ou totalement détruits par les bombardements et les combats.

L’an prochain, nous célébrerons le 80e anniversaire du Débarquement de Normandie. Rares sont désormais les survivants du D-Day. Léon Gautier, le dernier des 177 Français du commando Kieffer, nous a quittés le 3 juillet. Ils ne sont plus là, mais jamais nous ne les oublierons.

Le XXIe siècle prend une mauvaise tournure. Le peuple Ukrainien nous montre chaque jour qui passe ce que veut dire résister. Notre devoir historique est de continuer à les aider à résister, comme il nous appartient d’aider tout peuple en résistance.

Je crois au plus profond de moi-même que la meilleure façon de vraiment, rendre hommage à nos libérateurs d’hier – au-delà du formalisme des cérémonies patriotiques, aussi nécessaires soient-elles – est de faire de nous des citoyens engagés pour faire prospérer le destin de liberté que nous avons reçu en lègue, mais qui n’est absolument pas un acquis. Ne nous comportons pas comme des enfants gâtés. Ayons la décence de ne pas dilapider ce bien si précieux : je veux parler de la paix.

J’ai souhaité prendre ma part à cette ambition en créant il y a six ans le forum mondial Normandie pour la Paix dont la prochaine édition, les 28 et 29 septembre, aura pour thème « Résistances : la Paix des peuples ». Des personnalités du monde entier et des centaines de jeunes seront réunis pendant deux jours à l’Abbaye aux Dames, à Caen, pour tenter de comprendre notre monde et tenter de le rendre meilleur. Parce que, comme le disait si bien Einstein, « la paix vient par la compréhension ». Au forum mondial « Normandie pour la Paix », l’entrée est gratuite, ouverte à tous et c’est passionnant. Alors venez !

Venez toucher du doigt à quel point notre monde se trouve aujourd’hui à un point de bascule ; mais personne ou si peu en ont conscience. La course aux armements, la prolifération nucléaire, la diffusion de robots-tueurs, le développement de l’intelligence artificielle et la montée, partout, du nationalisme, rendent l’humanité plus fragile aujourd’hui que jamais. De ce fait, l’« horloge de la fin du monde » créée en 1947 par Einstein, et mise à l’heure chaque année, indique que nous serions désormais, et pour la première fois, à moins de 100 secondes seulement de minuit, l’heure de l’apocalypse.

Mesdames et Messieurs,

Il serait faux de penser que la paix serait seulement un état de non-guerre. La paix, je veux parler d’une paix durable, relève d’un choix. Ce choix, il nous appartient. Ne laissons pas d’autres décider pour nous ou plutôt devrais-je dire « contre nous ». Pendant la guerre, nos héros de Louviers ont su prendre leurs responsabilités. Ne les décevons pas.

Vive la République !
Vive l’Europe !
Vive la France !

Libération de Louviers - JPDuvéré
Jean-Pierre DUVÉRÉ, Président du Comité d’Entente, Adjoint au Maire Délégué aux Anciens Combattants
Allocution de Jean-Pierre DUVÉRÉ
Président du Comité d’Entente, Adjoint au Maire Délégué aux Anciens Combattants

Monsieur le Maire,
Madame la Vice-présidente du Conseil Départemental,
Monsieur le Conseiller Départemental,
Mesdames et Messieurs les élus,
Mesdames et Messieurs représentant les Autorités civiles et militaires,
Mesdames et Messieurs en vos titres, grades et qualités,
Madame et Messieurs les Présidents d’Associations patriotiques,
Mesdames et Messieurs les Porte-drapeaux,
Mesdames et Messieurs

Avant de débuter cette cérémonie je souhaite, au nom de la Municipalité, la bienvenue au Capitaine de Gendarmerie Christophe MORIN nouveau Commandant en second de la Compagnie de Gendarmerie de Louviers. Il succède au Capitaine Marc GRIMAUD.

Je vous invite au respect pour le cérémonial qui va se dérouler devant vous pour ce 25 août 2023, 79ème anniversaire de la libération de notre ville.

Permettez-moi tout d’abord de rendre un hommage particulier à un Ancien Combattant qui vient de nous quitter :

Max FLANQUART, l’ancien maire de CRESTOT.

C’est par un message de mon Vice-président, Marc DRUET que j’ai appris sur mon lieu de vacances cette triste nouvelle le 10 Août dernier, Max FLANQUART, Ancien Combattant ayant occupé des fonctions nationales, venait de s’éteindre le 4 août à l’âge de 83 ans.

Marc DRUET et moi-même lui avions porté à Noël dernier un colis de l’ONAC à l’Ehpad de Saint-Pierre-du-Bosguérard, où il était accueilli depuis quelques années.

Les mandats de Max FLANQUART à la tête de sa commune représentent près d’un demi-siècle de vie politique locale. Maire de CRESTOT de 1971 jusqu’en 2014, Max FLANQUART a marqué sa commune. Le village lui doit notamment l’érection du monument aux morts, la restauration de la toiture de l’église et la construction de la salle communale.

En 2014, il avait choisi de renoncer à tous ses mandats pour se consacrer à son épouse. Il m’avait dit alors : « il est temps, comme disent les marins, que je pose mon sac ». Il savait que cette phrase me toucherait.

Outre son mandat de maire, Max FLANQUART a également été Vice-président de la communauté de communes du Pays du Neubourg en charge de la Voirie pendant deux mandats. Longtemps, il a aussi présidé le SITS (Syndicat de transport scolaire), et était très impliqué dans le monde des anciens combattants, où il a occupé des responsabilités au niveau national.

C’était un homme de convictions, adhérent sans faille à nos associations d’anciens combattants comme les Combattants Volontaires, Ceux de Verdun et tant d’autres comme notamment la Fédération nationale André MAGINOT, dont il était le représentant dans l’Eure.  

Ses obsèques ont eu lieu au crématorium de Petit-Quevilly, le mercredi 16 août. Une page se tourne.

J’ai perdu un ami, nous avons tous perdu un camarade.

Revenons maintenant à notre commémoration de la libération de notre ville.

Ayons une pensée particulière pour toutes les victimes civiles et militaires, mais aussi pour les acteurs de ce conflit présents aujourd’hui parmi nous. Que l’hommage de la Nation soit rendu à nos libérateurs, mais aussi aux soldats, aux résistants et aux déportés ayant contribué à la libération de la France car il y a 79 ans aujourd’hui, notre ville se trouvait située au centre d’un immense mouvement de toutes les armées alliées.

Comme je le rappelle chaque année et Monsieur le Maire y reviendra, c’est une patrouille américaine de reconnaissance qui arrive la première dans notre Cité. Elle passe par l’hôtel de ville et poursuit rapidement sa route. Elle est suivie par la 4ème Division Blindée Canadienne arrivant tout droit de La Haye Malherbe. Ce peloton reste quelques heures à Louviers et poursuit sa route vers Pont de l’Arche où se déroulent de sanglants combats en bordure de Seine, notamment la libération de Criquebeuf où le Major CRUMMER et ses hommes ont permis la libération des 65 otages prisonniers dans l’église du village, y compris le Maire et l’Abbé de l’époque.

En lisière de la forêt de Bord les combats furent intenses et l’installation d’un pont flottant le « Bailey Bridge » permis aux hommes du Major de traverser la Seine vers Sotteville-sous-le Val et de continuer la libération des villages environnants.

Au cours de l’après-midi du 25 août d’autres unités de la 30ème Division US arrivent par l’avenue du Maréchal LECLERC, à l’époque route du Neubourg. Elles traversent rapidement la ville pour rejoindre elles aussi la Seine.

Le 26 août les patrouilles de l’Escadron C du 15ème Régiment Ecossais de reconnaissance appartenant à la 15ème Division d’Infanterie Ecossaise du 12ème Corps Britannique arrivent à Louviers.

Notre ville est alors définitivement libérée et accueillera quelques jours plus tard son ancien Maire, ainsi que le Général de Gaulle.Soyons fiers de ce qu’ils ont fait et montrons-nous dignes de leur héritage en continuant à honorer, toutes origines confondues, ceux qui continuent à contribuer au dur chemin qui mène à la paix et, je pense à ce moment à tous nos soldats engagés dans les OPEX que mène en ce moment la France notamment en IRAK où deux de nos soldats viennent de perdre la vie.

Libération de Louviers - Portes-drapeaux