Louviers célèbre les 80 ans de la Victoire du 8 mai 1945

Ce jeudi 8 mai 2025, un public nombreux était réuni dans la cour de l’Hôtel de ville à l’occasion de la commémoration du 80e anniversaire de l’armistice du 8 mai 1945. Un cérémonie émouvante en présence de nombreux officiels et du Conseil municipal des jeunes. Une cérémonie qui s’est déroulée en musique avec l’Harmonie municipale installée dans le kiosque. À cette occasion, le maire de Louviers, François-Xavier Priollaud a prononcé ce discours :
» Nous sommes rassemblés en ce 8 mai 2025, ici dans la cour de l’Hôtel de Ville de Louviers, pour commémorer une date qui a façonné notre monde : la fin de la Seconde Guerre mondiale en Europe. Il y a 80 ans, le silence succédait enfin au tonnerre des armes. Le nazisme s’effondrait. L’Europe, exsangue, entamait lentement sa reconstruction. Le 8 mai 1945, l’Allemagne nazie capitulait sans condition. Après presque six années d’une guerre mondiale, après l’occupation, les persécutions, les bombardements, les massacres, la paix revenait enfin.

Ce jour-là, partout en France, la cloche de la liberté a sonné. Ce fut une victoire. Mais une victoire au goût amer, tant le prix payé fut lourd : 60 millions de morts dans le monde, dont près de 600 000 en France. Des familles brisées, des villes détruites, et Louviers en sait quelque chose. Notre ville n’a pas été épargnée. Bombardée, détruite, endeuillée, elle s’est relevée. Elle a pansé ses plaies, elle a honoré ses morts, et elle a gardé la mémoire vivante.
« Notre terre, fut à la fois martyre et libératrice »
Le 8 mai 1945 marquait certes la fin de la guerre en Europe, mais les blessures, ouvertes, sont restées profondes. La Normandie, notre terre, fut à la fois martyre et libératrice. Martyre, car Louviers et tant d’autres communes normandes ont souffert des bombardements, des privations, de la peur quotidienne. Libératrice, car c’est dans notre région, sur nos plages, dans nos bourgs, que s’est joué le sort de la liberté. Le 6 juin 1944, les alliés débarquaient sur les côtes du Calvados et de la Manche. Ce fut le début d’une gigantesque opération pour libérer l’Europe de l’oppression.









Aujourd’hui, nous rendons hommage à toutes celles et ceux qui ont combattu, qui ont résisté, qui ont souffert pour que la France redevienne libre. Je veux parler des soldats tombés au front, ceux venus d’Angleterre, d’Amérique, d’Afrique et d’où qu’ils viennent. Mais je veux aussi saluer tous les résistants de l’ombre, ces femmes et aux hommes ordinaires devenus extraordinaires pour avoir eu le courage de dire non. Il y eut aussi les civils pris dans la tourmente. Et bien sûr, toutes les victimes de la déportation auxquelles nous avons rendu hommage il y a quelques jours au cours d’une cérémonie qui leur est dédiée. Nous pensons à chacune et chacun d’entre eux avec respect, avec émotion et nous ne les oublions pas.
Mais au-delà de l’hommage, je veux ce matin évoquer devant vous cette responsabilité individuelle et collective qui est désormais la nôtre. Ce 80e anniversaire ne doit pas être un simple devoir de mémoire. Faisons-en un acte de foi en l’avenir. Nous avons hérité de la paix. Elle est aujourd’hui plus que jamais en danger. Soyons à la hauteur pour ne pas la dilapider.
Car l’Histoire n’a manifestement pas dit son dernier mot. La guerre est bel et bien de retour sur le sol européen. L’Ukraine résiste et force notre admiration. Partout, les tensions montent. Les extrémismes se réveillent et malheureusement, l’ignorance gagne du terrain.
C’est pourquoi je vous invite, en particulier vous les jeunes, à bien comprendre le sens de notre cérémonie de ce matin. Commémorer ne signifie pas se tourner uniquement vers le passé. Commémorer, c’est faire vivre la mémoire, pour qu’elle éclaire notre avenir.
Nous n’avons pas le droit de renoncer à ce que 1945 a rendu possible : l’espoir, la démocratie, l’unité européenne.
Car c’est bien de ce désastre qu’est née une ambition nouvelle : celle de l’Europe unie. Une Europe construite non pas contre, mais ensemble. Pas par la force, mais par le droit. Une Europe pour que plus jamais les jeunes n’aient à mourir pour des causes perdues dans la haine.
Alors vous, notre jeunesse, née libre, en paix, au cœur d’une Europe unie et ouverte sur le monde, comprenez bien combien cette Europe est tout sauf le fruit du hasard ; elle est le résultat d’un long processus, d’un projet politique patiemment construit pendant des décennies. Notre Europe demeure certainement imparfaite, mais elle est vivante, elle est démocratique et fondée sur valeurs que des millions de femmes et d’hommes ont défendues, parfois au prix de leur vie.
Rien n’est acquis ; c’est un legs extrêmement fragile. Et c’est désormais au tour de la jeune génération que revient l’immense responsabilité de ne pas laisser l’Histoire se répéter.
Les mots d’Albert Camus, lui qui a connu la Résistance, résonnent comme jamais dans la période sombre que nous traversons. Je le cite : « Chaque génération, sans doute, se croit vouée à refaire le monde. La mienne sait pourtant qu’elle ne le refera pas. Mais sa tâche est peut-être plus grande encore. Elle consiste à empêcher que le monde se défasse. »
Face à la violence de notre époque, ne demandons pas à la jeunesse de porter seule le poids du monde, mais de porter haut les valeurs qui fondent notre humanité : la justice, la dignité, la fraternité.
Ne nous résignons pas, et portons ces valeurs ensemble. Car ce que nous avons appris de l’Histoire, c’est que face à la haine, la division ou la barbarie, la réponse ne peut être que collective. C’est unis, que nous avons vaincu l’horreur. Et c’est ensemble, et d’abord nous les Européens face à une Amérique déboussolée, que nous devons aujourd’hui prendre en main notre avenir. Ne laissons pas d’autres décider à notre place.
Alors souvenons-nous, oui. Mais surtout, engageons-nous. Transmettons, éduquons, construisons. Pour que la mémoire ne soit pas un monument figé, mais une promesse vivante.
Pour que les noms inscrits sur nos monuments aux morts continuent de nous parler, non pour pleurer le passé, mais pour préserver l’avenir.
Vive la paix, Vive l’Europe,
Vive la République et Vive la France !«
